10 mars 2007

Manchette en ouverture.



Puisqu'il sera ici question de polar, de roman noir, de critique et de littérature en général, autant commencer par un petit extrait d'un maître de l'exercice, Jean-Patrick Manchette. C'est écrit en août 1980, ça s'appelle "Toast à Dash", et ça dit:

"Toute appréciation sur Hammett tend maintenant à être faussée, car le marché de la culture, en se développant avec une frénésie panique, valorise tout, notamment les objets extra-artistiques, d'une manière forcenée et indifférente. Polar, bande dessinée, Walt Disney, peintures de fous, et mille autres choses sont promus avec un égal enthousiasme publicitaire, sous le prétexte impudent de consoler la créature opprimée. Vous et moi savons bien cela, du moins je l'espère pour vous. Ce faisant, on oublie que les écrits de Dashiell Hammett et de quelques autres ont été un moment nécessaire des soupirs et des rages de la créature opprimée, moment qui est passé. Le roman noir américain, c'est à dire d'abord Hammett, a achevé son développement longtemps avant la mort de son fondateur. Il a porté un jugement négatif sur la littérature et l'ensemble de la société de son temps. L'affaire du temps présent n'est plus ce jugement, mais son éxécution. Quiconque lit maintenant Dashiell Hammett avec un simple plaisir de distraction devarit plutôt s'épouvanter. Car pour le dire d'une manière neutre, j'entends: avec des mots suisses, voilà pourquoi vous crèverez tous."

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