16 septembre 2007

Hey ho, lets go hey ho, lets go.



Je n'ai pas fait exprès de laisser couler près de trois mois depuis le dernier message concernant le concert de Patti Smith. Je me souviens quand même de l'excellent cover de Nirvana, de la grande tenue des classiques de son répertoire et d'un hommage quasi instrumental aux Ramones. En gros, c'est quand même autre chose que Björk.

29 juin 2007

Please kill me.

Serais-je aller voir Patti Smith en concert ce soir si je n'avais pas lu, au cours des dernières semaines, les pages de Please kill me qui lui sont consacrées, et qui ont changé en profondeur l'image que je me faisais d'elle ? Certainement, mais avec une dose de désir en moins et sans ce curieux appétit de voir les gens en vrai. Sera-t-elle pieds nus sur scène ? Va-t-elle s'agenouiller ? Est-ce que ce sera un concert punk ?



27 juin 2007

Un après-midi de chien.


Ce n'est pas tous les jours que ce blog peut éventuellement servir à quelque chose. Sachez donc qu'il n'y a plus que trois occasions de voir Dog Day Afternoon le film de Sidney Lumet avec Al Pacino dont tout le monde s'accorde à dire, depuis que le monde est monde, que c'est un immense chef-d'œuvre du cinéma américain des années 70. Jeudi 28 juin à 21h, samedi 30 juin à 20h30 et dimanche 1er juillet à 18h30. C'est à l'institut Lumière.

17 juin 2007

Rendez-vous manqué.

Je prends connaissance, trop tard, d'une rencontre orgnaisée par les Assises de la traduction littéraire en Arles sur le thème "Traduire le polar" avec une conférence de François Guérif sur Jean-Patrick Manchette, et une table ronde avec Hervé Delouche, Judith Vernant et Aurélien Masson.

C'était hier à la maison Heinrich-Heine à Paris. Quelqu'un peut-il me raconter ?

20 mai 2007

Raconte pas ta vie !

Le programme de lecture a finalement été bousculé par l'autobiographie intellectuelle au ton pamphlétaire de Jacques Henric paru tout récemment chez Fiction & Compagnie au Seuil: Politique.

Tout le projet du livre, ou presque, est dans le titre de sa première partie : "Comment on est ce qu'on devient".

C'est d'abord le récit d'un parcours, celui d'un homme né en 1938 qui a connu un grand nombre des aventures intellectuelles, politiques et littéraires des cinquante dernières années, c'est ensuite un essai sur la mémoire collective et ses trous noirs, Vichy, l'Algérie, le stalinisme, mai 68. Il y a aussi de belles pages de plaidoyer pour le retour au biographique. Car il ne le dit pas, il le cache presque, mais il s'agit bien, quand même d'un retour.

"Raconte pas ta vie ! Mais si bien sûr qu'il faut la raconter. Il n'y que ça d'intéressant, la vie qu'on a, que chacun a. On peut avoir recours à tous les genres littéraires pour la raconter, y compris la fiction, mais la vie, la vie, rien dautre ! Qui êtes-vous ? D'où venez-vous ? Comment vivez-vous ? Comment et pourquoi vous battez-vous, et avec qui, et contre qui ? Vous engagez-vous, ou pas ? Comment aimez-vous ? Comment baisez-vous ? Vrai que je suis curieux de tout ça. Un monomaniaque de la chose, pour reprendre le qualificatif avec lequel se définissait Klossowski."

Dans l'ensemble, on y apprend pas forcément beaucoup de choses nouvelles sur la période concernée, mais on y trouve quand même des d'anecdotes qui changent le regard sur un certain nombre d'événements et de personnes. Parfois, il évite de peu l'indiscrétion - jusqu'à provoquer un début de malaise - mais c'est finalement toujours au service de son sujet.

C'est surtout le ton et la vitesse d'écriture qui impressionnent dans ce livre qui tranche et qui dérangera peut-être certains oublieux.


Il y a aussi, à la fin du livre, le récit court, mais assez drôle, des aventures capitalistiques et éditoriales d'Art Press
qui donnent envie d'un autre livre, celui qui raconterait de l'intérieur l'histoire de la revue.

La photo ci-dessus est de Denis Roche, l'un des personnages du livre sur lequel j'aurais aimé en apprendre davantage.

Raconte pas ta vie, c'est aussi le titre de l'autobiographie de Marcel Duhamel, le fondateur de la Série Noire, dans laquelle on croise aussi quelques surréalistes. Mais c'est tout autre chose.

Une dernière chose, Jacques Henric cite en bonne place l'essai de Muriel Pic sur Pierre Jean Jouve, Désir monstre. Il faut vraiment que je le lise.

Do you like american music ?

Vendredi soir, c'était le concert des Violent Femmes aux Nuits Sonores. Quelques vieux morceaux écoutés mille fois en tapant du pied, le sourire aux lèvres. Le jeu était un peu paresseux, mais tellement vrai qu'il valait mieux ça qu'une simple imitation d'eux-mêmes. Formidable.

08 mai 2007

La suite.

Les jours à venir promettent un peu moins de télévision, une légère décrue dans la consommation d'informations minute en tous genres. Il faudra bien continuer à lire les journaux pour suivre le cours des choses, cette chronique d'un échec de rénovation annoncé (au mieux), mais les livres et la littérature vont petit à petit reprendre leurs droits. Terminer la biographie de Jacques Doucet par François Chapon, entreprendre sérieusement celle de Duchamp par Bernard Marcadé, achever et remettre de l'ordre dans les trois Andrea Pinketts entamés en même temps. Je commence d'ailleurs à y voir un peu plus clair dans son oeuvre, ce qui n'est pas une chose facile tant elle est déconcertante. Au fond, ses livres ne parlent que de l'adolescence, de son désespoir, de son génie, de sa violence et de son impossible accord avec le monde des adultes et la vie qui tourne mal. Sinon, il y aura aussi le deuxième tome de la biographie de Freud par Peter Gray à finir et Monsieur de Jean-Philippe Toussaint à commenter ici. Après, on essaiera de lire quelques auteurs annoncés à Lyon pour les Assises Internationales du Roman fin mai. Après, c'est retour au polar. Déjà. Enfin.

05 mai 2007

Juste une image.

1968 / 2008.


Monsieur Nicolas.

J'ai trouvé à Avignon un livre que je cherchais depuis très longtemps: Monsieur Nicolas de Restif de la Bretonne. Dans la magnifique édition en deux volumes de Jean-Jacques Pauvert, et pour dix euros seulement. La vie continue.

22 avril 2007

21 avril 2007

Mon pronostic est entièrement défavorable.

Non, rien à voir avec le scrutin de demain. J'ai simplement trouvé ce matin au marché de la mode vintage, divine surprise, un exemplaire à deux euros du n°12 de la revue "Polar" de François Guérif, celui consacré à JP Manchette en 1980, au moment de la mort d'Alfred Hitchcock. L'entretien avec Guérif et Deloux est incroyable, tout le reste aussi d'ailleurs. Plus une seule revue ne ferait aussi bien, et de loin. A propos de Chabrol et de Nada, ça donne quelque chose comme ça (voir les billets précédents pour comprendre) : "Je pense qu'il ne dit pas la même chose que le bouquin, que c'est un film stalinien. Je crois que Chabrol est un cas. (...) Je crois Chabrol quand il déclare à Paris-Match qu'il adorerait un cinéma nationalisé et tourner des films sur la culture des betteraves en Champagne humide pour le compte de l'Etat. Oui, ça lui plairait bien le capitalisme bureaucratique, et d'être un cinéaste d'Etat, un héros de l'Union soviétique qui tourne des films sur les betteraves. Par perversité, remarquez."

C'est la dernière phrase qui est glaçante: "Mon pronostic est entièrement défavorable". On ne sait plus, alors, s'il parle de l'avenir littéraire de Demouzon, de polar, de terrorisme, de politique, de la vie en général ou de sa vie à lui.

Quant à l'image d'illustration, ce n'est pas le QG du PS le 22 avril 2007 au soir, c'est un photogramme de Raging Bull. Comprenne qui pourra.


09 avril 2007

America's sweetheart.


C'est sûrement l'effet conjugué du film de Larry Clark et d'un article de Elle lu ce matin à propos d'une nouvelle émission de télé-réalité dans laquelle il s'agit de décrocher un job de journaliste à Rolling Stone. Je suis allé faire un basket, et j'ai écouté au casque, mon cadeau des 33 ans -faudrait pas déranger, tous les albums de Courtney Love et de Hole -je fais ce que je veux.

08 avril 2007

Wassup rockers ?

Vu le dernier et très beau film de Larry Clark. Où l'on voit que la lutte des classes a de l'avenir chez les teenagers (toujours, l'extension du domaine...). Où l'on voit aussi qu'à South Central, c'est certes une question de travail, de capital et de sens de l'histoire mais aussi d'ethnie et de style. Le combat a changé de mot d'ordre: be your yourself. Oui, comme dans la pub.

Natalie Zemon Davis.



La fabrique des idées organise une rencontre exceptionnelle avec l'immense historienne américaine:

Natalie Zemon Davis

le vendredi 20 avril 2007

18h30 - 20h30

aux Archives Municipales de Lyon

18, rue Dugas-Montbel - Lyon 2e

Entrée : Place des Archives
(gare de Perrache côté cours Charlemagne)

Entrée libre et gratuite

Présentation de L’Histoire tout feu tout flamme, Albin Michel, 2004 :

« À rebours d'une conception classique de l'histoire, pour laquelle l'historien ne serait qu'un expert extérieur à son objet, toute l'oeuvre et la vie même de Natalie Zemon Davis opposent un autre «style» : celui d'une historienne mondialement reconnue pour ses études sur les XVIe et XVIIe siècles, qui dialogue avec les personnages qu'elle étudie, en cherchant à comprendre leur monde, leurs émotions, leurs mots, leurs gestes. Elle a en effet inventé un art particulier d'interroger le passé des temps modernes, le passé souvent âpre d'hommes et de femmes qu'elle s'efforce de tirer de l'oubli. De l'imposteur Arnaud du Tilh au vrai Martin Guerre, du système du don à la Renaissance à l'histoire des femmes, elle fait revivre une humanité plurielle de pensées et de pratiques, de sensibilités et d'espoirs, de souffrances et de malheurs, de simulations et d'émotions.

Dialoguant dans ce livre avec Denis Crouzet, professeur d'histoire du XVIe siècle à la Sorbonne, spécialiste réputé des guerres de Religion, elle raconte comment elle a toujours voulu faire de ses recherches une joie de la découverte, comment, en profondeur de ce plaisir, surgit aussi son histoire, celle d'une famille juive originaire d'Europe de l'Est qui s'intègre avec passion dans la grande terre américaine.

Elle relate encore dans quelle mesure sa propre vie, ses engagements de citoyenne et de femme sont pour elle un apprentissage continué de dépassement des certitudes, un enseignement l'engageant à écrire pour suggérer à ses lecteurs un message d'espérance, pour leur dire que l'histoire n'est jamais close, que le tragique peut toujours être contourné... »


Plus d'informations sur: www.la-fabrique-des-idees.org

Citoyens clandestins.

Aucun rapport entre la pochette ci-dessus et le dernier roman de DOA que je viens de finir, Citoyens clandestins. Un thriller d'espionnage catastrophé réussi. Je n'ai pas eu l'occcasion d'en discuter avec lui pendant Quais du Polar, le week-end dernier. Ce que je regrette parce que la conversation avec lui est passionnante. On peut encore l'écouter sur France Culture dans l'émission Mauvais Genre. Vous trouverez facilement sinon, allez voir sur son journal : http://www.markusfreys.com/blog/

Rien à voir.

Le Tigre. Une belle surprise que ce curieux journal curieux à la maquette impeccable, à l'inspiration vaguement fumiste, aux colonnes ouvertes à toutes les bizarreries de notre monde. DADA n'est pas mort, la presse papier sans pub à 6,80 euros non plus, même si ça n'a rien à voir. D'ailleurs Le Tigre n'a rien à voir.

Jacques Henric.


Je ne lis pas souvent Art Press, mais j'en aime bien les chroniques de livres, surtout le feuilleton de Jacques Henric, l'auteur de l'inoubliable La peinture et le mal. Fidèle à ses belles obsessions, il consacre celui du mois d'avril à la nature des relations d'amour qui unissaient ou désunissaient Beauvoir et Sartre, Miller et Anaïs Nin, Catherine Pozzi, Paul Valéry, Paul Celan et Ilana Shmueli. Par ailleurs, ce mois-ci, la biographie de Marcel Duchamp par Bernard Marcadé tient une bonne place dans les pages du magazine avec un bon entretien. On y voit la célèbre épitaphe des autres qui meurent que j'ai déjà discètement évoquée ici. Il y a aussi une illustration où l'on voit Duchamp photographié aux côtés de Man Ray à Los Angeles en 1936. Ceux qui ont lu L'affaire du Dalhia Noir de Steve Hodel sauront de quoi je parle si j'avoue à quel point l'image m'a fichue la trouille. C'est d'ailleurs en grande partie pour débrouiller cette ténébreuse affaire que j'ai acheté la bio en question. Je n'en suis qu'à l'étape de M.D. fils de notaire qui choisit la peinture pour ne pas aller au bureau le matin. Pour le reste, je vous dirai.

25 mars 2007

Le grand cauchemar.

Dans son essai paru en fin d'année dernière, La décennie. Le grand cauchemar des 1980, François Cusset consacre dix lignes au polar. Sur plus de 350 pages passionnantes où la culture tient une large place. Certainement parce que c'est la littérature la moins cauchemardesque de ce temps-là. J'aurais bien aimé lui poser la question lorsqu'il est venu à la Villa Gillet au mois de janvier. J'ai oublié, et puis c'est vrai que je n'avais fini le livre à ce moment-là.

"C'est là, loin du consensus réactionnaire de l'impératif de visibilité, qu'a pu s'épanouir parfois ce que les années 1980 ont produit de plus audacieux dans le domaine culturel. C'est le cas du roman policier, à l'abri duquel une poignée de gauchiste et de situationnistes tentent de rester fidèles à ce qui les porta, de Patrick Raynal à Didier Daeninckx et Jean-Patrick Manchette, pour la seule
Série Noire. L'histoire, pour eux, est d'abord un processus d'enquête, une énigme à explorer, un problème en soi, un peu comme elle l'est dans le cinéma de Godard. Chez ces auteurs, dont les intrigues plongent souvent dans la réalité sociopolitique la plus crue du moment (plus que ne le fait alors toute la littérature généraliste), l'histoire est l'occasion d'un doute radical et d'une révision de beaucoup de récits officiels imposés par l'époque."

Service minimum, mais on ne peut quand même pas juger de l'intérêt d'un tel essai à la place qu'il réserve à la littérature policière. Non ?

D'autant que Raynal est cité en préambule du premier chapitre: "En dehors de la piquouse, du terrorisme et du fromage de chèvre, l'avenir paraissait bloqué..." (
Né de fils inconnu)

D'autant que François Cusset, dans les années 80, écoutait Joy Division.



Big Star.


C'est le disque du week-end, une compilation de morceaux de Big Star (Big Star Story), qui commence avec le très lumineux September Gurls. En général, on ne sait pas trop pourquoi tel disque plutôt qu'un autre tourne en boucle pendant deux ou trois jours. Là, le désir d'écoute vient de la lecture de l'article consacré au groupe d'Alex Chilton et Chris Bell dans le Dictionnaire Snob du rock de David Kamp et Steven Daly, chez Scali.

Je cite "... Big Star composa des chansons qui, bien que très accrocheuses, étaient beaucoup trop imprégnées d'une aura opiacée pour connaître un véritable succès commercial, mais qui garantiront par la suite au groupe son statut de grande cause oubliée."

Un des groupes pop les plus copiés, mais aussi les plus copieurs, et finalement assez souvent égalé, assez souvent dépassé aussi.


18 mars 2007

Le dernier film marxiste.


Lu ce dimanche le livre d'entretien de François Guérif avec Claude Chabrol: Un jardin bien à moi. Le goût pour le polar est présent à chaque page, comme dans ce passage sur le travail avec Manchette pendant l'écriture de Nada.

"Nous nous sommes divisé le boulot. J'ai pris la première moitié du bouquin, et lui la seconde. La chose amusante est que je suis resté très fidèle au livre, alors que lui s'en est un peu écarté. Nous nous sommes bien entendus. Il a juste commencé à me faire une petite vérole parce que j'étais allé un peu loin dans la défense des marxistes-léninistes (....) Dix ans plus tard, il a reconnu que ce que j'avais fait était politiquement plus mature que ce qu'il avait écrit. Manchette est quelqu'un dont je regrette la disparition
tous les jours."

Fin du livre, j'allume la télé, c'est les infos. Battisti a été arrêté sur une plage brésilienne, à l'initiative de la police française, alors qu'une amie lui remettait de l'argent.

Je reprends le livre pour retrouver ce passage sur la réception critique de Nada: "Je me souviens que Gilles Jacob, dans l'Express, m'accusait de considérer les terroristes comme des truands. J'ai écrit au cher Gilles que j'étais heureux de le voir défendre les terroristes dans un journal de Servan-Shreiber (rires). Il y avait à l'époque une espèce de romantisme du terrorisme, qu'on confondait souvent avec l'anarchisme, d'ailleurs. On détestait tellement les autres que tout ce qui était contre finissait par être excusé. C'est toujours le système de la haine que peuvent inspirer les gens pour en détruire d'autres."

Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ?

Je peux simplement rappeller que Claude Chabrol sera à Lyon dans quinze jours pour le festival Quais du Polar et que Nada sera projeté, en sa présence, au CNP, en ouverture d'une nuit de films noirs dont le mythique Gun Crazy.

11 mars 2007

No pussy blues.


Ce disque, je l'ai attendu avec curiosité, impatience et un peu d'inquiétude aussi. Il était toujours possible que ça tourne au numéro de cirque, au scénario marketing éculé du crooner rentré dans le rang qui singerait le meilleur de ses jeunes années pour épater la galerie et rappeler de bons souvenirs aux vieux fans blasés. Ceux auxquels s'adressent maintenant les publicités pour voitures de luxe. Ceux, aussi, qui comme moi revoient Les ailes du désir pour le plaisir des scènes de concert à Berlin avec Crime and the City Solution, Nick Cave et les Bad Seeds.

Soit je suis une coeur de cible abattue à bout portant, soit c'est un très bon disque. C'est peut-être les deux, sûrement même.

C'est toujours les autres qui meurent.


Dans le temps, Telerama décernait un Grand Prix du Roman Noir. En 1982, il avait été décerné à Jean-François Vilar pour le magnifique C'est toujours les autres qui meurent. La question n'est pas ce que Telerama est devenu, mais ce que devient Jean-François Vilar.

Pas sûr qu'il lise des blogs. Et c'est bien ainsi.

10 mars 2007

Un hiver de glace.

L'écrivain américain Daniel Woodrell qui a écrit quelques uns des plus beaux romans noirs de ces dernières années sera à Lyon le dernier week-end de mars, pour le festival Quais du Polar.

Un hiver de glace, son dernier livre publié en France fait une grande place à la nature et à ce que les paysages font aux hommes. En l'occurence, ce qu'un paysage hivernal d'une rudesse inconcevable fait à une jeune fille écrasée par le monde qui l'entoure, par l'hérédité et la longue histoire d'un pays oublié de tous, les Ozarks.

On y voit, par exemple, ce personnage qui pourrait appartenir autant à l'univers de Jim Thompson que de Bertolt Brecht longer une voie ferrée au milieu de nulle part, transie de froid, écouter au casque les bruits de la forêt tropicale.

Un livre qui s'ouvre sur une citation de Cesare Pavese, s'il vous plaît: "Pour couvrir maisons et pierres de verdure - afin que le ciel prenne un sens - il faut enfoncer des racines noires dans les ténèbres."

C'est un roman noir monochrome, tout blanc.

Ses autres livres traduits:

- Battement d'aile
- Chevauchée avec le diable
- Faites-nous la bise
- La fille aux cheveux rouge tomate
- La mort du petit cœur
- Les ombres du passé




Peur dans un monde qui tourne mal.




Une autre citation pour ce deuxième post. Raymond Chandler, pour faire bonne mesure, et pour alimenter le grand jeu sur les frontières du genre. Qu'est-ce qu'un polar ? Qu'est-ce qu'un roman noir ? Voici un extrait de l'introduction de son "The Simple Art of Murder", cité et traduit par Benoît Tadié (Le polar américain, la modernité et le mal), où il s'agit de remonter aux origines du genre:

"... il y avait l'odeur de la peur qui se dégageait de ces histoires. Leurs personnages habitaient un monde qui avait mal tourné, un monde où, bien avant la bombe atomique, la civilisation avait inventé le mécanisme de sa propre destruction et apprenait à s'en servir avec le ravissement stupide d'un gangster essayant sa première mitraillette."

Un polar, malgré toute la distance de ce commentaire, commence peut-être bien toujours avec cette odeur de peur, de poudre et de fin du monde dans le nez.

Manchette en ouverture.



Puisqu'il sera ici question de polar, de roman noir, de critique et de littérature en général, autant commencer par un petit extrait d'un maître de l'exercice, Jean-Patrick Manchette. C'est écrit en août 1980, ça s'appelle "Toast à Dash", et ça dit:

"Toute appréciation sur Hammett tend maintenant à être faussée, car le marché de la culture, en se développant avec une frénésie panique, valorise tout, notamment les objets extra-artistiques, d'une manière forcenée et indifférente. Polar, bande dessinée, Walt Disney, peintures de fous, et mille autres choses sont promus avec un égal enthousiasme publicitaire, sous le prétexte impudent de consoler la créature opprimée. Vous et moi savons bien cela, du moins je l'espère pour vous. Ce faisant, on oublie que les écrits de Dashiell Hammett et de quelques autres ont été un moment nécessaire des soupirs et des rages de la créature opprimée, moment qui est passé. Le roman noir américain, c'est à dire d'abord Hammett, a achevé son développement longtemps avant la mort de son fondateur. Il a porté un jugement négatif sur la littérature et l'ensemble de la société de son temps. L'affaire du temps présent n'est plus ce jugement, mais son éxécution. Quiconque lit maintenant Dashiell Hammett avec un simple plaisir de distraction devarit plutôt s'épouvanter. Car pour le dire d'une manière neutre, j'entends: avec des mots suisses, voilà pourquoi vous crèverez tous."