20 mai 2007

Raconte pas ta vie !

Le programme de lecture a finalement été bousculé par l'autobiographie intellectuelle au ton pamphlétaire de Jacques Henric paru tout récemment chez Fiction & Compagnie au Seuil: Politique.

Tout le projet du livre, ou presque, est dans le titre de sa première partie : "Comment on est ce qu'on devient".

C'est d'abord le récit d'un parcours, celui d'un homme né en 1938 qui a connu un grand nombre des aventures intellectuelles, politiques et littéraires des cinquante dernières années, c'est ensuite un essai sur la mémoire collective et ses trous noirs, Vichy, l'Algérie, le stalinisme, mai 68. Il y a aussi de belles pages de plaidoyer pour le retour au biographique. Car il ne le dit pas, il le cache presque, mais il s'agit bien, quand même d'un retour.

"Raconte pas ta vie ! Mais si bien sûr qu'il faut la raconter. Il n'y que ça d'intéressant, la vie qu'on a, que chacun a. On peut avoir recours à tous les genres littéraires pour la raconter, y compris la fiction, mais la vie, la vie, rien dautre ! Qui êtes-vous ? D'où venez-vous ? Comment vivez-vous ? Comment et pourquoi vous battez-vous, et avec qui, et contre qui ? Vous engagez-vous, ou pas ? Comment aimez-vous ? Comment baisez-vous ? Vrai que je suis curieux de tout ça. Un monomaniaque de la chose, pour reprendre le qualificatif avec lequel se définissait Klossowski."

Dans l'ensemble, on y apprend pas forcément beaucoup de choses nouvelles sur la période concernée, mais on y trouve quand même des d'anecdotes qui changent le regard sur un certain nombre d'événements et de personnes. Parfois, il évite de peu l'indiscrétion - jusqu'à provoquer un début de malaise - mais c'est finalement toujours au service de son sujet.

C'est surtout le ton et la vitesse d'écriture qui impressionnent dans ce livre qui tranche et qui dérangera peut-être certains oublieux.


Il y a aussi, à la fin du livre, le récit court, mais assez drôle, des aventures capitalistiques et éditoriales d'Art Press
qui donnent envie d'un autre livre, celui qui raconterait de l'intérieur l'histoire de la revue.

La photo ci-dessus est de Denis Roche, l'un des personnages du livre sur lequel j'aurais aimé en apprendre davantage.

Raconte pas ta vie, c'est aussi le titre de l'autobiographie de Marcel Duhamel, le fondateur de la Série Noire, dans laquelle on croise aussi quelques surréalistes. Mais c'est tout autre chose.

Une dernière chose, Jacques Henric cite en bonne place l'essai de Muriel Pic sur Pierre Jean Jouve, Désir monstre. Il faut vraiment que je le lise.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour contredire ton billet du 27 juin, ton blog sert à quelque chose, puisque je vais me procurer cet ouvrage de Jacques Henric. L'aurais-je fait sans la note que tu lui as consacré? Sûrement pas.